La clairière du Lac-des-nations

Au bord du Lac des Nations, côté chemin de fer, à deux pas de la Promenade, une petite clairière dans les bois. Assis sur le banc, tout près des quenouilles, on entend les échos et de tout ce qui y grouille et y chante. Oubliez vos soucis et laissez-vous bercer.

Cet épisode fait partie d’un balado poétique: huit lieux au cœur de Sherbrooke, huit œuvres sonores, à écouter sur place ou dans le confort de votre foyer.

« Toute création commence par une rêverie... » Nous avons vécu des expériences intimes avec ce lieu...Un éloge du son et de la rêverie, un récit de commencement.

Christine Bolduc

Prière d’écouter. Ici, c’est une chapelle.

Ce lieu pour moi, c’est le commencement… Dans tous les sens du terme. Le commencement de mon processus créatif intérieur, le commencement d’une démarche personnelle sur la présence et l’écoute, le commencement du monde, le commencement.

Toute création commence par une rêverie. Dans plusieurs mythes de création, le démiurge, seul dans le néant, s’ennuie. Il rêvasse. Sa rêverie le mène à une action qui va créer des êtres, qui va créer le monde.

Dans ce lieu que nous avons baptisé « la clairière », j’ai passé des heures, l’été, l’automne, à toute heure du jour comme du soir. J’y ai passé des heures à me questionner sur le comment on écoute un lieu, moi qui ne savait plus ni écouter ni goûter le temps présent depuis des années. C’est dans ce lieu que nous avons fait, avec Claude-Andrée, nos premiers exercices d’écoute du paysage sonore. C’est dans ce lieu que j’ai vécu des expériences sonores intimes et transformatrices. C’est dans ce lieu que j’ai retrouvé un peu des jeux de l’enfance, c’est dans ce lieu que je me suis rappelé ma relation intime avec le vent.

C’est dans un de ces moments entre chien et loup, où si on est à l’écoute, on peut presque percevoir le voile entre les mondes dans le court silence de cette transition, que je me suis retrouvée dans un autre espace-temps. C’est dans ce lieu que j’ai goûté à quelque chose de la transe du chaman, qui s’oublie un instant pour entrer en symbiose avec la création, dans un espace que seul l’esprit peut connaître. Ce lieu, dans mon processus créatif, est devenu initiatique.

Ici, j’ai retrouvé les jeux de l’enfance en faisant une œuvre éphémère avec ce que je pouvais trouver, une forme de land art. Claire et moi avons été happées pendant 3 heures qui ont passé comme une seule, par le moment présent, par le plaisir de jouer, avec tous nos sens, et de créer sans aucun objectif de réussite ou de performance.

27 juin : Ici, c’est une chapelle. Prière d’écouter. Mais parfois, il faut aussi voir. Les arbres dansent, se balancent, se dandinent, la tête penchée vers moi. Je m’accroche au bleu du ciel, entre deux branches. Je suis une témoin privilégiée. Est-ce que les arbres et les quenouilles apprécient autant que moi la caresse du vent ? Si je ferme les yeux pendant les bourrasques, je peux facilement m’imaginer en mer. Le vent est en relation intime avec chaque chose sur cette terre. Il connaît toutes les histoires, celle du brin d’herbe et de la coccinelle, celles des baisers et des tourments. Et si j’arrivais vraiment à écouter ses histoires ?

Claire Jean

Clairière définition : « Zone dégarnie d’arbres dans un bois, une forêt. »

Étranges, les mots employés pour définir un lieu. Zone dégarnie. Je dirais plutôt : espace ouvert à l’abri du vent qui laisse entrer le soleil, lieu où poussent les petits fruits, terrain de jeux et de danse pour colibris.

Étrange, d’écrire sur un lieu qui porte une partie de mon nom. Claire hier… Ai-je toujours été Claire ? Qui étais-je avant hier ? Au début des temps, est-ce que les noms se déclinaient sous forme d’images, de sons, de couleurs ?

Clairière, étrange espace comme celui qu’on retrouve à la surface des pelages de certaines bêtes, un tout petit endroit dépourvu de poils qui en fait un être unique à nos yeux. Cette clairière fait partie de notre aventure d’écriture . Dans certains contes, les Ti-Jean, les princesses, les enfants perdus se retrouvent dans une clairière pour se reposer, pour affronter un danger, pour découvrir une maison, une biche blanche ou un étrange cheval. Dans notre parcours poétique, Christine et moi on se dépose, guidée par Claude-Andrée, pour écouter le monde autrement, pour regarder, rencontrer, saisir la beauté et vous l’offrir.

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Sherbrooke (Québec)

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